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MAPPING LUBUNGA

CARTOGRAPHIE D'UN TERRITOIRE

par Bärbel Müller*

J’ai rencontré Faustin en 2006 à Vienne. Nous avions alors discuté de sa perception de l’espace, de sa relation au temps dans ses créations, de la signification de différents concepts spatiaux dans sa langue natale, le swahili, et en lingala, une autre langue du Congo, mais aussi de sa vision d’un réseau de plusieurs centres culturels à Kisangani. Quelques années avant, j’avais imaginé un projet pour Kumasi au Ghana autour de l’idée de créer des espaces communaux disséminés dans la ville tels des points d’acupuncture, reliés les uns aux autres par des traces invisibles. Et c’est sur cet intérêt partagé pour la conception d’espaces pour les arts et la culture qui seraient dispersés, disséminés, que Faustin m’a invitée à Kisangani à mettre en œuvre avec lui cette acupuncture urbaine, notamment sur Lubunga…

Comment se relier à et aller à la rencontre de cette partie marginalisée de la ville : « Comment être proche des gens et surtout de ce qui compte vraiment pour eux ? » pour reprendre les mots de Faustin. D’où cette idée, non d’une intervention artistique ou architecturale immédiate, mais de partir de la question essentielle de l’approvisionnement en eau pour établir un dialogue avec la communauté.

En 2013, [a]FA et les Studios Kabako ont mis en oeuvre Lubungamode, un laboratoire transdisciplinaire et collaboratif afin d’examiner la situation de l’eau à Lubunga sous différentes perspectives : un programme plus précis fut défini. Cette stratégie thématique mais ouverte pour aller à la rencontre de Lubunga nous a permis d’explorer les potentialités d’une recherche appliquée et artistique comme point de départ pour communiquer avec les habitants sur une plus grande échelle, tout en participant à la construction de réseaux de personnes relais. Que signifie produire artistiquement, générer du savoir et avoir un impact social à partir et pour un territoire donné ? Comment relever les défis environnementaux et sociaux en privilégiant l’idée que le changement doit venir de l’intérieur ? Et quel est cet espace qui pourrait être partagé entre une recherche artistique, une communauté, un lieu dans ce contexte ?


*Bärbel Müller est architecte basée à Vienne en Autriche et développant de multiples projets au Ghana. Elle est professeur associée à l’institut d’architecture (IoA) de l’université des arts appliqués de Vienne.

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