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DINOZORD : THE DIALOGUE SERIES

À KISANGANI

Par Virginie Dupray

2006, un an après une nuit de rêve et de tempête, s’impose le retour (l’aller pour moi) à Kisangani…

Une maison en terre se construit non loin du fleuve, une pièce s’invente dans la salle polyvalente du complexe scolaire Athénée : The Dialogue Series : iii. Dinozord.

Une scène grossière occupe d’un côté la largeur de la salle, une famille entière de fonctionnaires, casés là par le ministère des Sports et de la Jeunesse en un provisoire qui s’éternise, vit sous la scène.

À travers les planches, on peut apercevoir une chambre, le lit des parents sur lequel tombe une pluie de poussière lorsque les interprètes dansent sur scène. Parfois, c’est la radio de l’autre chambre qui se mêle au Requiem de Mozart.

Comme toujours à Kisangani, la vie quotidienne rejoint la scène, se négocient de part et d’autre les espaces intimes et les espaces artistiques, les coupures de courant et les pluies tropicales qui ruissellent des hauts plafonds.

C’est donc entre les coups de balai des voisins-de-sous-scène qui n’en peuvent plus de Mozart, des plic-ploc des gouttes dans les seaux en plastique coloré, au milieu des nuages d’une poussière qui semble se reconstituer miraculeusement chaque nuit, que se racontent l’histoire du grand frère Kabako, celles de Vumi tombé dans la révolution, celle du Zaïre devenu Congo…

Et puis au centre, les pieds sur les ruines, la tête tournée vers le ciel, deux étoiles, deux gamins, 17 et 18 ans, Serge Kakudji, qui rêvait d’opéra à Lubumbashi, et Dinozord, le dernier de sa race, sorcier-enfant à la grâce unique et aux semelles de vent…

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